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La Voix des RH : Les charges sociales : Comment les optimiser sans risque de redressement ?

Dans cet épisode de La Voix des RH, Vincent Hagenbourger (DAF-DRH à temps partagé, auteur de la newsletter Un coup d’Avance) reçoit Antoine Devresse, ancien inspecteur URSSAF et expert des contributions et cotisations sociales. Dans un contexte de déficit public record et de durcissement des contrôles, ils explorent les leviers permettant d’optimiser les contributions sociales tout en limitant les risques de redressement URSSAF.

Au programme de cet épisode

Vincent Hagenbourger : Bienvenue dans La Voix des RH. Je suis Vincent Hagenbourger, DAF-DRH à temps partagé et rédacteur de la newsletter « Un coup d’Avance ». J’ai aujourd’hui le plaisir d’accueillir Antoine Devresse, ancien inspecteur URSSAF, expert en contributions et cotisations sociales. Nous allons parler des charges sociales : comment les piloter et évaluer les risques de redressement URSSAF.

Bonjour Antoine, je suis ravi d’échanger avec toi sur ce sujet, particulièrement riche. Pour donner un peu de contexte, rappelons l’actualité récente : le projet de loi de financement de la Sécurité sociale a été adopté très tardivement cette année, quasiment fin février, début mars 2025. Et il a révélé un déficit record de plus de 22 milliards d’euros. Cela montre à quel point les déficits sociaux se creusent et que l’État manque de recettes et de contributions sociales.

Plusieurs pistes ont été mises en place pour tenter de résorber ce déficit :

  • On a vu notamment une baisse des seuils d’exonĂ©ration sur le complĂ©ment maladie et le complĂ©ment allocation familiale, possiblement temporaire car un projet prĂ©voyait d’aller plus loin dès 2026.
  • Le plafond du calcul des indemnitĂ©s journalières de sĂ©curitĂ© sociale a Ă©galement Ă©tĂ© rĂ©duit, passant de 1,8 Ă  1,4 fois le SMIC, avec pour objectif environ 600 millions d’euros d’économies.
  • Ă€ cela s’ajoutent l’intĂ©gration de la prime de partage de la valeur dans l’assiette de calcul de l’exonĂ©ration gĂ©nĂ©rale de cotisations (anciennement exonĂ©rations Fillon) et la diminution des aides Ă  l’apprentissage.

Bref, un ensemble de mesures qui augmentent le coût salarial pour les entreprises. Dans ce contexte, il paraît d’autant plus pertinent de réfléchir aux mécanismes de rémunération alternatifs au salaire, pouvant offrir certains avantages sociaux. Mais qui dit avantages sociaux, dit aussi risques accrus de redressement URSSAF.

C’est pourquoi nous avons choisi d’aborder ces thématiques : identifier les points de vigilance, comprendre les dispositifs concernés, et voir comment les entreprises peuvent mettre en place une véritable réflexion pour mieux gérer leurs cotisations sociales et anticiper les risques URSSAF.

Voilà donc le menu du jour : comment structurer cette réflexion dans votre entreprise, et quels sont les sujets clés à traiter ?

Antoine, as-tu déjà en tête quelques pistes ou thématiques essentielles sur lesquelles nous pourrions nous pencher ?

Avantages sociaux : des dispositifs à manier avec précaution

Vincent Hagenbourger : Je pense notamment à ce qu’on appelle aujourd’hui les flex bénéfices dans certaines entreprises. C’est une pratique récente, financée soit par le CSE, soit directement par l’entreprise. Je pense aussi à la PPV (prime de partage de la valeur). Si une entreprise souhaite mettre en place une prime de partage de la valeur, même si elle est un peu moins attractive cette année, quelles seraient, selon toi, les bonnes pratiques à adopter ?

La prime de partage de la valeur (PPV)

Antoine Devresse : La prime de partage de la valeur exige un formalisme strict : il faut être très rigoureux. Généralement, lorsqu’on lit le texte et qu’on l’applique correctement, il n’y a pas de difficulté. Néanmoins, le jour du contrôle, l’inspecteur arrive souvent 3 ans après. Il va donc vérifier 2 choses :

  1. d’une part, que le formalisme a bien été respecté lors de la mise en place,
  2. et d’autre part, que dans les faits, tout a été déclaré conformément à la réglementation.

Un point de vigilance majeur : la PPV ne doit pas être attribuée « à la tête du client ».

Elle ne peut pas se transformer en prime exceptionnelle réservée à quelques salariés. Elle doit bénéficier à tous, de manière équitable, conformément à l’encadrement prévu par les textes.

Vincent Hagenbourger : Oui, parce que la tentation peut être grande, dans certaines entreprises, de dire : « Je vais donner 2 000 euros à tel salarié et, pour dire que j’ai donné quelque chose, seulement 100 euros aux autres collaborateurs. » Mais ça, ça ne fonctionne pas.

Antoine Devresse : Exactement. Les textes permettent de faire certaines distinctions, mais elles ne doivent pas aboutir à des écarts trop importants. Dans ces cas-là, l’inspecteur va forcément chercher à comprendre pourquoi de tels écarts existent et pourra, le cas échéant, remettre en cause la légitimité de la pratique.

Vincent Hagenbourger : D’autant plus que la prime de partage de la valeur a évolué en 2025 : elle est désormais réintégrée dans le calcul de la réduction générale des cotisations. Mais, si l’on met ça de côté, elle reste très intéressante. Par exemple, il n’y a pas de forfait social pour les entreprises de moins de 250 salariés, si je ne me trompe pas. Côté salarial, on bénéficie d’une exonération de cotisations, même si la CSG et la CRDS restent dues. Et, pour les petites structures de moins de 50 salariés, le régime est encore plus favorable : aucune CSG, aucun forfait social. C’est donc un dispositif particulièrement avantageux.

Antoine Devresse : C’est sûr que la tentation est grande, mais il faut absolument éviter toute discrimination entre les salariés et veiller à ce que la prime soit versée à tous dans les mêmes conditions.

Vincent Hagenbourger : Donc, en pratique, le plus simple est de définir dès la rédaction de la décision unilatérale de l’employeur les critères retenus. Par exemple, préciser que la prime est proportionnelle au salaire, à l’ancienneté ou à d’autres éléments objectifs.

Antoine Devresse : Exactement. L’important est de bien réfléchir en amont aux critères pour sécuriser le dispositif.

Les flex benefits

Vincent Hagenbourger : Très intéressant. Si l’on élargit maintenant aux flex bénéfits ou aux prestations du CSE, le champ est très vaste : titres-restaurant, chèques culture, chèques emploi-service universels préfinancés par l’entreprise… Tous ces dispositifs offrent aux salariés des régimes sociaux et fiscaux particulièrement avantageux.

Mais alors, quels sont les points de vigilance Ă  garder en tĂŞte ? Quelles bonnes pratiques recommanderais-tu ?

Antoine Devresse : Ces dispositifs existent depuis longtemps : tickets-restaurant, CESU… Ce qui est plus récent, ce sont les cagnottes. On voit apparaître beaucoup de startups qui proposent ce type de solutions, en expliquant aux salariés qu’ils pourront utiliser leur cagnotte comme ils le souhaitent.

C’est là que se situe le vrai risque.

Pour les tickets-restaurant, les règles sont claires : un seul titre par jour travaillé, pas de droit si l’on est malade, pas de titre si l’on ne travaille pas l’après-midi en temps partiel. Sur ces sujets, on ne voit quasiment plus de redressements.

Mais les cagnottes, elles, posent problème. C’est un dispositif nouveau, déjà à l’origine de redressements. Les contentieux sont en cours, et il n’y a pas encore de solution tranchée.

Même pour les chèques culture, pourtant sans plafond légal, il faut rester prudent. La question est de savoir si le salarié achète vraiment des produits culturels avec ces bons et si l’usage reste bien limité aux enseignes prévues. Or, certains prestataires proposent de transformer ces chèques en bons multi-enseignes ou utilisables sur des sites comme Amazon. Dans ce cas, l’inspecteur peut considérer qu’il ne s’agit plus d’un avantage culturel, mais d’une simple prime. Et donc appliquer des cotisations sociales.

Vincent Hagenbourger : Donc, si une entreprise, comme on le voit souvent dans la tech, met en place une cagnotte de 10 € par jour, utilisable à la fois comme titre-restaurant et comme chèque culture, il y a un risque. Même si elle respecte la prise en charge de 60 % par l’entreprise pour les titres-restaurant, le fait de mélanger les usages reste flou. Et comme tu le dis, on n’a pas encore de recul sur la position que l’URSSAF adoptera.

Antoine Devresse : Exactement. Prenons un exemple concret avec le chèque culture. L’inspecteur, lui, revient toujours 3 ans après. Donc en 2025, il contrôle les années 2022, 2023 et 2024. Il peut demander : « En 2022, quels achats ont été réalisés avec la cagnotte en chèque culture ? » Et parfois, le fournisseur répond : « Avec le RGPD, on ne peut pas transmettre ces informations. »

Mais l’URSSAF, elle, insiste : si vous n’êtes pas capables de démontrer que l’argent a bien été utilisé pour de la culture, alors c’est requalifié en salaire. C’est typiquement le genre de situation qui peut poser problème.

Vincent Hagenbourger : Donc un bon réflexe, c’est d’interroger le prestataire en amont : comment encadrent-ils les achats ? Comment peuvent-ils prouver que les salariés utilisent vraiment la cagnotte pour de la culture ? Quels justificatifs peuvent-ils fournir ?

Antoine Devresse : Exactement. Il faut pouvoir produire des justificatifs sur toute la période contrôlable, donc dans la limite des 3 ans. Comme ça, le jour du contrôle, pas de mauvaise surprise.

Vincent Hagenbourger : Peut-on aller jusqu’à dire que c’est une pratique risquée ? En fait, on ne sait pas encore.

Antoine Devresse : Oui. Les prestataires connaissent les règles de l’URSSAF, et certains font des rescrits pour sécuriser leurs pratiques. Mais malgré ça, l’inspecteur peut toujours examiner de plus près et remettre en cause certains montages, surtout quand il y a des arguments marketing un peu « limites ». Aujourd’hui, il faut attendre que la jurisprudence se prononce pour avoir une vraie sécurité juridique.

Vincent Hagenbourger : C’est important de le rappeler : l’URSSAF a une position, mais un redressement n’est pas une fin en soi. L’entreprise peut contester et aller devant les tribunaux. La Cour d’appel, voire la Cour de cassation, peut tout à fait avoir une lecture différente de celle de l’URSSAF.

Antoine Devresse : Bien sĂ»r. Alors voilĂ , il y a des voies de recours. L’inspecteur, ce n’est pas Dieu sur terre. Il va faire son analyse. Maintenant, il y aura des voies de recours. Il y a une commission de recours amiable interne Ă  l’URSSAF. Puis les tribunaux, tribunal judiciaire, voire Cour d’appel, voire plus loin. VoilĂ . Mais ça reste des pratiques nouvelles.

Il faut laisser un peu de recul, justement aux URSSAF et aux fournisseurs, pour s’adapter , et que dĂ©coule de tout ça, une position qui soit claire.

C’est toujours les positions, oĂą il peut y avoir des problèmes de posture, de se dire, « est-ce que je le fais ? est-ce que je ne le fais pas ? Est-ce que c’est sĂ»r ? est-ce que ce n’est pas sĂ»r ? ». Dès l’instant oĂą ce n’est pas soumis Ă  cotisation, l’inspecteur se pose la question de se dire, est-ce que ça ne doit pas remonter dans le brut.

Vincent Hagenbourger : Et finalement, on connaĂ®tra la position de la Cour de cassation peut-ĂŞtre que dans 5-6 ans. Et donc, dans l’attente, les dĂ©partements RH et financiers doivent gĂ©rer un petit peu le risque.

Donc peut-ĂŞtre aussi, au-delĂ  du fait de s’assurer de comment l’entreprise, qui met en place ses titres restaurants et autres, suit ça.

Enfin, ces cagnottes puisqu’on n’est pas juste sur du titre restaurant. Il y a aussi peut-ĂŞtre de ne pas en faire un avantage trop important par rapport au reste de la rĂ©munĂ©ration. Parce que j’ai entendu des boĂ®tes qui disaient, «vous pouvez verser 4 000, 5 000 euros par an par salarié». Il faut se dire qu’après, en cas de redressement, c’est autant Ă  rĂ©intĂ©grer dans le calcul des cotisations sociales.

Antoine Devresse : C’est ça. Et puis, Il y a une notion d’abus de droit aussi, qui pourrait faire l’objet d’Ă©changes, mais de se dire, est-ce qu’Ă  un moment donnĂ©, l’URSSAF ne pourrait pas considĂ©rer qu’on a essayĂ© de rentrer dans un système vraiment pour Ă©luder des cotisations ? La loi de financement de 2024 le prĂ©voit. On ne sait pas encore comment les URSSAF vont l’utiliser, cette problĂ©matique de l’abus de droit, pour se dire, attention, lĂ , vous essayez vraiment de contourner un texte.

Si vous donnez 1000 euros de chèque culture par mois, sous prĂ©texte que c’est dĂ©plafonnĂ©, ça peut amener des risques.

Vincent Hagenbourger : Oui, complètement. Après, les entreprises, normalement, elles se disent aussi que ça ne doit pas avoir un intĂ©rĂŞt pour tout le monde. C’est bien un peu de culture, mais finalement, il y a d’autres avantages plus importants, qui sont plus faciles Ă  utiliser.

Les avantages donnés par le CSE

On parlait aussi des avantages donnĂ©s au CSE. Comment ça se passe Ă  ce niveau-lĂ  ? Parce que lĂ , on part du principe que c’est le CSE qui gère son budget Ĺ“uvre sociale, donc qui va distribuer au salariĂ© de l’entreprise.

Est-ce qu’il y a un risque particulier ?

Est-ce qu’en tant qu’entreprise, on a plutĂ´t intĂ©rĂŞt Ă  dire au CSE, on vous donne une cagnotte importante pour que vous puissiez, derrière, redistribuer sous forme de chèques cadeaux, de chèques culture, pourquoi pas encore, ou d’autres avantages ?

Est-ce qu’il y a un risque pour l’entreprise de le faire de cette sorte ?

Antoine Devresse: C’est vrai que pour l’inspecteur, dès qu’il y a un CSE qui gère les Ĺ“uvres sociales, il considère que l’employeur ne peut plus rien faire Ă  cĂ´tĂ©. Donc, c’est vrai qu’il faut que le CSE soit bien formĂ© pour Ă©viter tout type de requalification, parce que c’est un redressement qu’on voit rĂ©gulièrement.

Comme c’est aussi une somme qui est sans charge, l’inspecteur, il se demande si elle ne devrait pas ĂŞtre remise dans le brut. Parce que, par exemple, il y aura un problème de discrimination. Le bon d’achat de NoĂ«l, tout le monde sait qu’on peut le faire, il n’y a pas de problème, etc. Mais si, par exemple, vous ne le versez pas aux salariĂ©s qui sont en congĂ© parentaux, ils font toujours partie de l’effectif, ils devraient en bĂ©nĂ©ficier. Ils n’en bĂ©nĂ©ficient pas, ça peut ĂŞtre une cause de requalification de l’ensemble des bons d’achat, par exemple.

Vincent Hagenbourger : Et puis, on avait l’an dernier la Cour de cassation qui parlait du critère d’anciennetĂ© qui ne pouvait pas ĂŞtre admis pour ce type d’avantage.

Antoine Devresse : VoilĂ , donc ça, c’est un autre vrai sujet, hyper important, oĂą, avant l’URSSAF, tolĂ©rait l’anciennetĂ© de 6 mois, c’Ă©tait Ă©crit noir sur blanc dans leur guide du CSE. Il n’y avait pas de problème.

Et puis, lĂ , c’est la Cour de cassation 2024 qui est arrivĂ©e pour dire, non, maintenant, c’est terminĂ© : dès le premier jour oĂą on est dans l’entreprise, on a droit aux avantages. C’est une vraie problĂ©matique pour les CSE. Parce que si vous ĂŞtes une activitĂ© saisonnière, vous avez plein de CDD qui arrive juste Ă  NoĂ«l. Ils auront dès 2026 le droit aux mĂŞmes bons d’achat que les autres salariĂ©s qui ont 10 ans d’anciennetĂ©.

Vincent Hagenbourger : Sauf si, en fait, on fait un prorata par rapport Ă  la durĂ©e de prĂ©sence dans l’annĂ©e. Ça serait dĂ©licat ?

Antoine Devresse : DĂ©licat, oui, parce qu’on vous dit qu’on ne peut pas discriminer en fonction du CDD-CDI. Ce serait une forme de discrimination.

Vincent Hagenbourger : Mais si on disait, c’est au prorata du temps de prĂ©sence dans l’annĂ©e. Un petit peu, comme on fait en matière d’intĂ©ressement et de participation, finalement.

Antoine Devresse : Pour le bon d’achat, je ne pense pas que ça soit possible. Ça me semble dĂ©licat.

Vincent Hagenbourger : Il faudrait regarder plus en dĂ©tail, mais c’est a priori dĂ©licat.

Antoine Devresse : A priori, pour le bon d’achat, il faut que tout le monde ait le mĂŞme bon d’achat. VoilĂ , l’URSSAF va vous mettre le doigt sur le caractère discriminatoire. Moi, ça me paraĂ®t difficile.

Vincent Hagenbourger : D’accord. Donc, finalement, la bonne pratique, quand on est en entreprise, c’est quand mĂŞme de discuter avec ses Ă©lus et de leur passer le message que, attention, gĂ©rer en bon gestionnaire ses avantages, distribuer bien Ă  tout le monde, ne fait pas exception.

Antoine Devresse : Le critère d’anciennetĂ©, vraiment, c’est le sujet le plus important qui faisait dĂ©jĂ  l’objet de redressement. Il va falloir ĂŞtre clean lĂ -dessus.

Vincent Hagenbourger : Pour qu’on comprenne bien, ça veut dire que si le CSE ne respecte pas ces critères-lĂ , c’est après l’entreprise qui va devoir payer des arriĂ©rĂ©s de cotisation pour la mauvaise utilisation de ces avantages.

Antoine Devresse : Exactement, le jour du contrĂ´le, c’est bien les salariĂ©s de l’entreprise qui bĂ©nĂ©ficieraient d’avantages, considĂ©rĂ©s comme pas bons par l’URSSAF, donc c’est l’entreprise qui va payer. Après, si c’est une erreur du CSE, l’entreprise essaie de reprendre ça sur le budget fonctionnement ou sur la dotation de l’annĂ©e d’après. Mais autant essayer d’ĂŞtre clean dès le dĂ©but, parce qu’il y a des fois, on voit des gros redressements lĂ -dessus qui amènent le CSE Ă  ne plus pouvoir faire grand-chose après, pendant un ou deux ans, pour Ă©ponger le redressement.

La médaille du travail

Vincent Hagenbourger : Effectivement. Autre sujet intĂ©ressant, dont on parle un peu moins, la mĂ©daille du travail. C’est un avantage qui permet finalement de verser une rĂ©munĂ©ration assez consĂ©quente, mais sans payer de cotisations sociales. Mais les conditions sont assez restreintes et on en parle peut-ĂŞtre moins parce qu’aussi, pour pouvoir la verser, il faut avoir une certaine anciennetĂ©. Peut-ĂŞtre que tu veux nous en dire deux mots.

Antoine Devresse : Alors, effectivement, pour fidĂ©liser sur le long terme, c’est quand mĂŞme une bonne idĂ©e. Ça veut dire que et ce n’est pas la mĂ©daille en elle-mĂŞme qui intĂ©resse les salariĂ©s, c’est bien la prime associĂ©e.

Donc, il y a une tolĂ©rance qui est ancienne lĂ -dessus oĂą l’URSSAF vous dit : pas de problème, vous pouvez donner jusqu’Ă  1 mois de salaire de base brut en net, justement. Donc, du coup, ce sont des sommes qui peuvent ĂŞtre importantes. C’est bien sĂ»r un maximum. On peut faire moins si on a envie.

Mais il y a des conditions, comme toute tolĂ©rance d’application stricte, oĂą il faut que ce soit la vraie mĂ©daille prĂ©fectorale, pas une mĂ©daille corporative. Il ne faut pas que ce soit une prime d’anciennetĂ©, qui, elle, serait soumise Ă  cotisation. Il faut que ce soit la vraie mĂ©daille du travail. Il faut conserver les diplĂ´mes. C’est-Ă -dire que normalement, c’est le salariĂ© qui fait son dossier auprès de la prĂ©fecture pour prouver justement son anciennetĂ©, ses 20 ans. Parce que la première mĂ©daille, tu disais, il faut 20 ans. Mais c’est 20 ans, non pas dans l’entreprise, mais plutĂ´t 20 ans d’activitĂ© dans la carrière professionnelle.

Et c’est lĂ  oĂą on voit le redressement, parfois, oĂą il y a des entreprises qui ont envie de donner la prime des 20 ans, mais que pour ces salariĂ©s qui ont 20 ans dans l’entreprise. Or, si sont exclus les salariĂ©s qui ont 20 ans d’activitĂ© professionnelle, mais moins de 20 ans dans l’entreprise, si elles sont exclues, ces personnes-lĂ , ça fera l’objet d’un redressement.

Vincent Hagenbourger : Oui, parce qu’en fait, il y a deux poids, deux mesures, lĂ  encore.

Antoine Devresse : C’est ça. C’est souvent ça, l’inspecteur, il regarde s’il n’y a pas un caractère discriminatoire dans le versement de telle ou telle somme.

Vincent Hagenbourger : Oui, parce que tout ce qu’on a Ă©voquĂ©, que ce soit la prime de partage de la valeur, les Flex bĂ©nĂ©fices, ces fameuses cagnottes qui servent de titre restaurant, cheque culture ou CESU ou autres, prestations du CSE. En fait, tous ces Ă©lĂ©ments-lĂ , un des caractères importants, j’allais dire, mĂŞme essentiels Ă  respecter, c’est le cĂ´tĂ© collectif, c’est-Ă -dire ce n’est pas de l’avantage individualisable, et donc du coup, c’est ça qui est vraiment scrutĂ© de près.

Antoine Devresse : Un peu comme la mutuelle qui doit ĂŞtre collective, lĂ , c’est pareil, les avantages doivent ĂŞtre les mĂŞmes pour tout le monde. Il y a quelques possibilitĂ©s de faire des choses particulières, mais globalement, c’est l’idĂ©e Ă  retenir, effectivement.

Vincent Hagenbourger : Oui, parce qu’on ne peut pas tout avoir, c’est-Ă -dire, l’exonĂ©ration d’un cĂ´tĂ© et individualisable de l’autre. Ça, c’est compliquĂ© de le faire. Très intĂ©ressant.

L’avantage en nature : le cas du véhicule de fonction

Vincent Hagenbourger : Quel autre avantage salarial nĂ©cessite une vigilance particulière aujourd’hui sur lesquels on pourrait aller ?

Je pense notamment, on a vu dans l’actualitĂ©, assez rĂ©cente, de nouvelles règles en matière d’avantages en nature. Alors, l’avantage en nature, ce n’est pas forcĂ©ment quelque chose qui Ă , j’allais dire, un avantage en termes social et fiscal.

Parce que l’avantage en nature est inclus dans le calcul des cotisations sociales, avec gĂ©nĂ©ralement une Ă©valuation forfaitaire de ce montant-lĂ . Mais en fait, lĂ  oĂą ça devient problĂ©matique, c’est que comment on Ă©value cet avantage forfaitaire ?

Il peut ĂŞtre plus ou moins favorable aux salariĂ©s, plus ou moins favorable Ă  l’entreprise. Et lĂ , rĂ©cemment, un arrĂŞtĂ© vient de changer les règles et le coĂ»t de l’avantage en nature, notamment pour le vĂ©hicule, va devenir exorbitant pour les entreprises.

Antoine Devresse : Alors, lĂ , c’est vrai que c’est un sujet qui impacte beaucoup les entreprises, que ce soit cĂ´tĂ© RH ou cĂ´tĂ© finance.

Parce que cĂ´tĂ© finance, ça coĂ»te cher. Et cĂ´tĂ© RH, il va falloir expliquer aux salariĂ©s que le net des salariĂ©s va baisser suite Ă  ce nouvel arrĂŞtĂ© de fĂ©vrier 2025 qui a fait couler beaucoup d’encre.

Parce que tout Ă  l’heure, on parlait de recherche, de nouvelles recettes. En l’occurrence, c’est un peu un impĂ´t dĂ©guisĂ© quand mĂŞme. En tout cas, Il y a une recette supplĂ©mentaire qui va rentrer dans les caisses de l’URSSAF via ce nouveau calcul. Qui amène les cotisations Ă  augmenter de 67%.

Parce qu’avant, c’Ă©tait 12% du coĂ»t TTC du vĂ©hicule. Maintenant, c’est 20% du coĂ»t TTC du vĂ©hicule, si ce n’est pas un vĂ©hicule Ă©lectrique.

Enfin, voilĂ , il y a des conditions. Mais c’est vrai que ça reste un avantage en nature.

Un avantage en nature, c’est l’Ă©conomie que fait un salariĂ© quand on lui donne un outil professionnel, en l’occurrence, le vĂ©hicule.

Donc, c’est vrai que c’est un des sujets aussi, qui est scrutĂ© de près par les inspecteurs. Il faut vĂ©rifier si le calcul est correct, notamment par rapport Ă  la problĂ©matique dĂ©placement pro, dĂ©placement perso.

Donc peut-ĂŞtre une des solutions qui est envisagĂ©e lĂ -dessus, c’est d’aller plus sur du rĂ©el quand c’est possible. Quand, par exemple, vous avez des commerciaux qui roulent beaucoup Ă  titre professionnel, ça vaudrait le coup de faire le distinguo pro-perso.

Vincent Hagenbourger : Alors, si je reformule le point, parce que tout le monde ne connaĂ®t peut-ĂŞtre pas ça de manière dĂ©taillĂ©e, c’est que finalement, quand on donne un vĂ©hicule Ă  un collaborateur pour son usage professionnel et personnel, ce qu’on appelle un avantage en nature, un vĂ©hicule de fonction.

Aujourd’hui, ce que font beaucoup d’entreprises, elles disent : cet avantage, je l’Ă©value forfaitairement Ă  x% de son coĂ»t TTC pour calculer ensuite les cotisations dessus. Mais il y a une autre manière de faire qui est le rĂ©el.

Peut-ĂŞtre que tu peux nous dire prĂ©cisĂ©ment comment ça se passe, l’Ă©valuation au rĂ©el.

Antoine Devresse : Au rĂ©el, ce serait justement de faire un ratio entre l’utilisation totale et l’utilisation, qui serait strictement professionnelle. Et pour ça, Ă  part la gĂ©olocalisation, il faudrait pouvoir tracer jour par jour et pour pouvoir prouver justement le jour du contrĂ´le qu’il n’y a que 10% de l’utilisation totale qui est perso, par exemple. Il va falloir avoir des outils qui vont bien, apporter la preuve, justement.

Vincent Hagenbourger : Oui, parce que finalement, si on fait aussi du forfaitaire, c’est parce que c’est plus fiable, parce que, comme tu le dis, c’est plus simple. Parce compter le nombre de kilomètres faits Ă  titre perso et Ă  titre pro, je me mets Ă  la place des dĂ©partements comptabilitĂ© et RH des entreprises : c’est un sacrĂ© casse-tĂŞte Ă  suivre.

Antoine Devresse : Alors, effectivement, l’URSSAF explique que, oui, il faut tenir un carnet de bord pour y rĂ©pertorier tous ses dĂ©placements. C’est difficile d’ĂŞtre rigoureux pour tous les salariĂ©s qui utilisent leur vĂ©hicule dans ce cadre-lĂ .

Maintenant, il y a peut-ĂŞtre des outils informatiques qui vont se mettre en place pour aller sur ce terrain-lĂ , d’apporter la preuve qui serait suffisante pour l’inspecteur, pour l’URSSAF en cas de contrĂ´le, la preuve suffisante de la dĂ©monstration. C’est pour ça que je parlais de gĂ©olocalisation en disant qu’il peut amener d’autres problĂ©matiques. Mais c’est vrai que lĂ , au moins, pour l’inspecteur, vous avez la preuve que le salariĂ©, il est allĂ© d’un point A Ă  un point B, et que c’Ă©tait un dĂ©placement professionnel. Le reste du kilomĂ©trage, quand on ne sait pas, c’est considĂ©rĂ© comme du personnel. Pour les commerciaux ou pour certaines populations qui roulent beaucoup, ça pourrait peut-ĂŞtre ĂŞtre intĂ©ressant.

Vincent Hagenbourger : Oui de dire qu’en fait, il utilise bien son vĂ©hicule 80% du temps Ă  titre professionnel. Dans ce cas-lĂ , ça pourrait valoir le coup de faire l’Ă©valuation rĂ©elle. Ça se regarde au cas par cas, finalement.

Antoine Devresse : Effectivement, c’est ça. Et puis, c’est vrai qu’il y a aussi d’autres personnes qui ont un vĂ©hicule de fonction qui ne leur sert quasiment qu’Ă  titre perso. LĂ , il faudra aller sur le forfait, le forfait de 20% oĂą tout le carburant est pris en charge par l’entreprise. Donc, il faudra payer plein pot.

Vincent Hagenbourger : Ça sera plus cher. Alors, l’alternative qui se dessine, c’est l’Ă©lectrique. Sous certaines conditions, parce qu’on parle de vĂ©hicules Ă©co-scorĂ©s notamment, ça pourrait ĂŞtre beaucoup plus favorable. L’Ă©lectrique a un abattement consĂ©quent par rapport aux thermiques, puisque ce qui prend l’augmentation, pure et simple de 67%, si je puis dire, c’est les vĂ©hicules thermiques.

Antoine Devresse : Et hybrides.

Vincent Hagenbourger : Thermiques, partiellement ou totalement, on va dire.

Antoine Devresse : Effectivement. Après, c’est un peu comme ça que le gouvernement a vendu le texte en disant que c’est pour ĂŞtre plus Ă©colo et passer sur l’Ă©lectrique. Il y tout un dĂ©bat par rapport Ă  ça.

Mais effectivement, si vous allez sur le terrain de l’Ă©lectrique ça va vous obliger finalement Ă  verdir votre parc pour essayer d’aller sur ces vĂ©hicules-lĂ  qui coĂ»teront moins cher en termes d’avantages en nature. Comme on disait, ça coĂ»te cher cĂ´tĂ© finance, pour l’entreprise, mais aussi le salariĂ©, lui, il voit qu’il va payer plus d’avantages en nature, donc plus de cotisations salariales et d’impĂ´ts sur le revenu sur cet avantage.

Vincent Hagenbourger : Donc, il y a une rĂ©flexion finalement Ă  se poser. C’est de se dire peut-ĂŞtre que mon vĂ©hicule Ă©lectrique va me coĂ»ter plus cher en location, en leasing ou Ă  l’achat en fonction de la politique de l’entreprise. Mais je vais m’y retrouver parce que je vais payer moins de cotisations patronales. Et cĂ´tĂ© salarial, mon salariĂ© payera moins de cotisations lui aussi et moins d’impĂ´ts.

Antoine Devresse : Après, c’est une rĂ©flexion un peu sur le long terme. LĂ , l’arrĂŞtĂ© est un peu tombĂ© du ciel. Donc, c’est vrai que ce n’est pas facile de se projeter, etc.

LĂ , ce qu’on voit, c’est plutĂ´t de trouver des solutions Ă  court terme qui seront peut-ĂŞtre pour les vĂ©hicules thermiques, de les garder plus longtemps pour continuer Ă  en bĂ©nĂ©ficier. Parce que les vĂ©hicules qui Ă©taient dĂ©jĂ  dans le parc avant le 1er fĂ©vrier 2021, ne sont pas concernĂ©s. Donc, les loueurs, on va peut-ĂŞtre leur dire, au lieu de 3 ans, 4 ans, on va les garder 5 ans. On va voir pour justement retarder cette augmentation.

Vincent Hagenbourger : Oui, parce qu’on le reprĂ©cise bien, l’arrĂŞtĂ© n’est applicable, c’est 67% de plus aux vĂ©hicules remis aux salariĂ©s Ă  compter du 1er fĂ©vrier 2025.

Antoine Devresse : Avec cette petite subtilitĂ©, effectivement, oĂą l’URSSAF a remis dans le BOSS, le Bulletin Officiel de la SĂ©curitĂ© Sociale, que si le vĂ©hicule Ă©tait dans le parc avant le 1er fĂ©vrier, mais qu’il est rĂ©attribuĂ© Ă  un nouveau salariĂ©, il faut quand mĂŞme appliquer les nouvelles règles. En tout cas, c’est un sujet qui Ă©tait dĂ©jĂ  beaucoup regardĂ© par les inspecteurs dans le cadre des contrĂ´les et qui le sera encore dans les prochaines annĂ©es.

Vincent Hagenbourger : Donc l’avantage en nature, le vĂ©hicule est quelque chose Ă  suivre. Très intĂ©ressant, ces Ă©clairages.

Il y a un autre avantage dont on ne parle peut-ĂŞtre pas souvent parce qu’il ne concerne pas forcĂ©ment tous les salariĂ©s, mais des entreprises qui proposent des services toujours intĂ©ressants Ă  avoir et qui disent, plutĂ´t que d’aller les acheter, nous, on vous propose les produits de l’entreprise, prenez-les. Je pense, par exemple, Ă  l’Ă©lectricitĂ©. C’est un exemple bien connu, oĂą les billets d’avion, certaines compagnies aĂ©riennes, pour ne citer personne, qui vont donner Ă  leurs collaborateurs des titres, pas gratuits, mais Ă  des tarifs très, très bas, pas toujours respectueux de la lĂ©gislation en la matière.

Antoine Devresse : Mais effectivement, ou lĂ , voilĂ , ce que l’URSSAF appelle l’avantage nature produit de l’entreprise. On vous dit si vous faites 30% ou moins de rĂ©duction Ă  votre salariĂ© par rapport au prix public, pas de problème. Si vous faites plus de 30%, lĂ , il y aura un redressement. Et il y a aussi la problĂ©matique Ă  l’intĂ©rieur de cette problĂ©matique, quand c’est un groupe, on a le droit de faire la rĂ©duction que pour les salariĂ©s de la sociĂ©tĂ© qui produit. On ne peut pas faire la rĂ©duction, la tolĂ©rance des 30% ne s’applique pas pour les produits du groupe.

Vincent Hagenbourger : Par exemple, une entreprise qui produit des automobiles Renault, Peugeot ou autre, parce qu’ils ont des filiales qui vendent les vĂ©hicules, ils ont des filiales qui produisent les vĂ©hicules, eux-mĂŞmes. Donc, en fait, ceux qui les vendent, les vĂ©hicules qui ne sont pas usines, ne devraient pas pouvoir bĂ©nĂ©ficier de 30%.

Antoine Devresse : Il y a des problĂ©matiques exactement par rapport Ă  ça. Une fois que l’inspecteur a identifiĂ© ce risque, après, il y a la problĂ©matique de comment il chiffre le risque. Et c’est lĂ  oĂą c’est quelque chose aussi, qui est un peu mĂ©connu. Mais l’inspecteur a le droit d’aller sur une taxation forfaitaire si on ne lui amène pas des chiffres prĂ©cis, sur quel salariĂ© a eu, quelle rĂ©duction. Et lĂ , il peut y avoir un vrai risque que l’inspecteur estime, si vous ne me donnez pas de chiffres, j’estime qu’on prend l’historique du vĂ©hicule, et que chaque salariĂ© a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une rĂ©duction trop importante sur un vĂ©hicule par an.

Donc, lĂ , le contrĂ´le, c’est 3 ans, donc il va multiplier pour Ă©tablir un chiffre qui, bien sĂ»r, sera contestable. C’est plus pour faire rĂ©agir le cotisant, l’entreprise lĂ -dessus. Mais c’est quelque chose qui peut amener des redressements très importants. Donc, c’est vrai que c’est important de bien avoir des Ă©lĂ©ments pour dĂ©montrer quelles sont les rĂ©ductions attribuĂ©es aux salariĂ©s.

Vincent Hagenbourger : En fait, pour ĂŞtre vraiment respectueux, on ne devrait n’attribuer qu’aux salariĂ©s de l’entreprise qui produit 30%.

Antoine Devresse : Exactement.

Vincent Hagenbourger : C’est assez compliquĂ©, je suppose. Je ne connais pas de manière dĂ©taillĂ©e toutes les entreprises, mais je sais que certaines grandes entreprises prĂ©fèrent quand mĂŞme continuer Ă  verser ces avantages. Parce que socialement, c’est plus favorable. Parce que, d’un point de vue, RH, c’est très difficile Ă  retirer parce que ça a toujours Ă©tĂ© fait. Et comment ça se passe ? Ă€ ce moment-lĂ , ils savent qu’ils vont ĂŞtre redressĂ©s. Et puis, ça se discute au sein du contrĂ´le.

Antoine Devresse : Alors, en tout cas, parfois, le contrĂ´leur URSSAF a bon dos pour faire changer une pratique. Mais comme tu dis, parfois, socialement, c’est impensable de changer telle ou telle pratique.

Et effectivement, il y a des entreprises qui disent un contrĂ´le, c’est tous les trois ans, voire moins. Ça peut ĂŞtre plus espacĂ© dans le temps. Donc, je prends le risque. Je paierai le mĂŞme redressement qu’au prĂ©cĂ©dent contrĂ´le. Il y a une pĂ©nalitĂ© de 10% qui s’applique en plus, qui n’est finalement pas très dissuasive. Les entreprises se disent, je prĂ©fère faire plaisir Ă  mes salariĂ©s. Du coup, c’est moi qui paierai les cotisations patronales et salariales. Le salariĂ©, ce n’est pas lui qui les paiera, c’est l’entreprise le jour du contrĂ´le. Et voilĂ , c’est un choix d’entreprise.

Vincent Hagenbourger : C’est toujours une question que je me suis posĂ©e, mais en plus, ça devrait ĂŞtre très assujetti Ă  impĂ´ts ces choses-lĂ , mais c’est jamais remis dans la base imposable en rĂ©alitĂ©.

Antoine Devresse : Non, effectivement, il n’y a pas de lien direct, quand bien, mĂŞme avec la DSN, etc. On pourrait l’imaginer, avec l’informatique. On pourrait se dire, quand il y a un redressement URSSAF, il est individualisable, donc ça a un impact sur l’impĂ´t sur le revenu. Fort heureusement, jusqu’Ă  aujourd’hui, en tout cas, il n’y a pas de lien direct entre l’URSSAF et le fisc pour justement impacter le salariĂ©.

Vincent Hagenbourger : Donc, finalement, le salarié reste de toute façon gagnant parce que ça restera exonéré fiscalement.

Antoine Devresse : Ah mais c’est le bĂ©nĂ©fice pour le salariĂ©.

Vincent Hagenbourger : D’un point de vue, RH, pour l’entreprise, on peut comprendre aussi sa motivation Ă  maintenir certains types d’avantages.

Les frais professionnels

Il y a un autre Ă©lĂ©ment, aussi, sur lequel j’aimerais revenir parce qu’on parlait d’avantages en nature cĂ´tĂ© vĂ©hicule, mais on parle aussi frais, professionnels.

Alors, les frais professionnels, je pensais aux dĂ©placements, mais ça n’inclut pas que les dĂ©placements. Je pense aux indemnitĂ©s kilomĂ©triques. C’est facile de verser des indemnitĂ©s kilomĂ©triques non assujetties Ă  cotisations et Ă  impĂ´ts. Ça peut augmenter le pouvoir d’achat. Mais il y a aussi les frais de restauration aussi oĂą on rembourse. Ça, c’est une pratique courante des entreprises. C’est un peu de pouvoir d’achat disponible assez facilement. Mais lĂ  aussi, ils ne respectent pas bien les règles.

Antoine Devresse : Effectivement, c’est vrai que l’inspecteur n’est pas dupe. Alors peut-ĂŞtre plutĂ´t pour les petites entreprises, mais pas que, tout le monde est concernĂ©. C’est vrai que quand on ne peut pas donner une augmentation Ă  un salariĂ©, on peut lui dire « Tu fais des kilomètres avec ton vĂ©hicule perso, je te rembourserai des kilomètres ».

L’inspecteur va regarder de près les salariĂ©s pour qui on rembourse des indemnitĂ©s kilomĂ©triques.

Est-ce qu’il y a bien une carte grise, mais surtout, est-ce qu’il y a bien des Ă©tats dĂ©taillĂ©s pour justifier de la rĂ©alitĂ© des dĂ©placements ?

Le barème fiscal, avec le barème, 3 tranches, tout ça, c’est connu de tous, mais ce qu’il faut surtout, ce n’est pas de faire de remboursement forfaitaire. On ne peut pas dire « De par ton activitĂ©, tu fais 500 km par mois, donc je te rembourse 500 km ». Non. Il faut pouvoir, jour par jour, trajet par trajet, justifier de la rĂ©alitĂ© de ces kilomètres.

Vincent Hagenbourger : Donc, ce qu’on fait, c’est un Google Maps ou un via Michelin, ce qu’on veut, je ne vais citer personne en particulier. Mais qui retrace exactement le nombre de kilomètres qui a Ă©tĂ© parcouru pour aller sur un site client.

Antoine Devresse : Pour que ça soit vĂ©rifiable par l’inspecteur, de dire, je suis allĂ© Ă  tel endroit pour tel client, pour telle rĂ©union, avec l’objet de la rĂ©union, pour que ce soit vĂ©rifiable. Bien sĂ»r, l’inspecteur ne va pas pouvoir checker, tous les dĂ©placements, mais il faut pouvoir dĂ©montrer que c’est rĂ©el.

Vincent Hagenbourger : Oui, le côté forfaitaire est complètement à proscrire.

Antoine Devresse : Ah, là, sur les identités kilométriques, complètement.

Vincent Hagenbourger : Et donc, de même, on le rappelle, mais les trajets domicile, lieu de travail, on ne peut pas les indemniser via des indemnités kilométriques exonérées.

Antoine Devresse : Exactement. L’indemnitĂ© kilomĂ©trique, c’est vraiment un sujet important quand le salariĂ© utilise son vĂ©hicule personnel Ă  titre professionnel.

Tu parlais aussi des repas. Les repas, le redressement qu’on voit beaucoup aussi, qui n’est pas toujours facile Ă  chiffrer pour l’inspecteur, mais c’est une situation oĂą il peut peut-ĂŞtre aussi aller sur la taxation forfaitaire. C’est quand le salariĂ© n’est pas en situation de dĂ©placement professionnel et pour autant, on lui rembourse un repas proche de l’entreprise ou proche de son domicile. LĂ , l’URSSAF considère que c’est un avantage en nature et qu’il faut payer des cotisations sur ce repas-lĂ , qu’il soit remboursĂ© au forfait ou au rĂ©el.

Vincent Hagenbourger : Oui, donc ça, c’est la pratique des dĂ©jeuners d’Ă©quipe, par exemple, qu’on peut faire une fois par semaine. C’est peut-ĂŞtre beaucoup, mais bon, pourquoi pas, j’ai connu des entreprises qui faisaient ça parce que ça faisait plaisir. En fait, ça, c’est dangereux, d’un point de vue, URSSAF, c’est requalifiable.

Antoine Devresse : Exactement. Si c’est ponctuel, il n’y a pas de problème. Si c’est vraiment l’anniversaire de l’entreprise, il y a une tolĂ©rance dans le BOSS aussi lĂ -dessus, pour dire si c’est une fois de temps en temps, pas de problème. Au moins une fois par an.

Maintenant, si c’est rĂ©current, tous les vendredis, on mange Ă  l’extĂ©rieur, que ce soit, le salariĂ© seul ou entre collaborateurs, si c’est proche de l’entreprise, ça pourra poser un problème au-delĂ  de la reprise du titre restaurant que le salariĂ© n’aurait pas dĂ» avoir parce qu’on lui rembourse le frais. Il y a des problĂ©matiques liĂ©es aux frais professionnels qui restent une source importante de redressement.

Vincent Hagenbourger : Oui, donc la bonne pratique, c’est qu’une invitation Ă  cĂ´tĂ© de l’entreprise, ça doit rester complètement exceptionnel pour passer dans ce qu’on appelle la tolĂ©rance URSSAF et de bien dĂ©compter les titres restaurant dans ces occasions-lĂ .

Antoine Devresse : Et pour le restaurant, si c’est proche de l’entreprise, si vous ĂŞtes accompagnĂ© d’un client, pas de problème. Mais si le salariĂ© mange seul ou avec d’autres collaborateurs, c’est lĂ  oĂą l’inspecteur, s’il s’en rend compte, dans le cadre de ses investigations, il pourra creuser ce point.

Le sponsoring : points de vigilance

Vincent Hagenbourger : OK, c’est effectivement un sujet sur lequel on n’est pas toujours très vigilant.

Autre point, on en discutait en prĂ©paration de cet Ă©change, et en fait, c’est un sujet qu’on connaĂ®t moins, parce que ça concerne peut-ĂŞtre des entreprises plus particulières, mais quand une entreprise, une grande entreprise, fait du sponsoring, il y a un point de vigilance Ă  avoir.

Alors on n’y pense pas toujours cĂ´tĂ© RH, parce que c’est peut-ĂŞtre plutĂ´t au niveau comptabilitĂ© que ça se passe, mais c’est un point quand mĂŞme que je trouvais intĂ©ressant d’aborder.

Qu’est-ce qu’il faut veiller Ă  bien faire ? On va prendre le cas typique d’une grande entreprise qui sponsorise une Ă©quipe de foot, et comme elle sponsorise, elle attribue des places Ă  des salariĂ©s pour aller voir les matchs le week-end. C’est toujours un avantage sympa. Mais lĂ  aussi, Il y a un risque URSSAF sur le sujet.

Antoine Devresse : C’est bien ça. En fait, plus largement dĂ©jĂ , c’est de dire, les redressements, ils sont en paye, on en a abordĂ© certains, mais de plus en plus, les inspecteurs, ils vont en comptabilitĂ© pour identifier aussi des risques, dont le sponsoring fait partie, oĂą l’entreprise donne 100 000 euros, un club de foot pour avoir son nom sur le maillot. Et parfois, ce n’est pas juste le nom sur le maillot, c’est aussi qu’il y a un lot de places qui sont attribuĂ©es en contrepartie, qui ne correspondent pas aux 100 000 euros parce qu’il y a du marketing qui fait qu’il y a une partie qui correspond au flocage, maillot, au terrain, etc. Mais il y a des places. Et les places, l’inspecteur vous dit, alors les places, Ă  qui elles ont Ă©tĂ© attribuĂ©es ?

Il faut pouvoir justifier à qui elles ont été attribués.

Est-ce que ce sont des salariĂ©s ? Est-ce que ce sont des clients ? Est-ce que ce sont des lecteurs, par exemple, si c’est un journal. Il faut pouvoir dĂ©montrer de la rĂ©alitĂ©. Quand on ne peut pas, l’inspecteur considère par dĂ©faut que ce sont les salariĂ©s qui en ont bĂ©nĂ©ficiĂ©.

Vincent Hagenbourger : Et ça, c’est problĂ©matique.

Antoine Devresse : Ça peut ĂŞtre une vraie source d’un redressement important pour les grandes entreprises, dont c’est une pratique courante. Donc, la bonne pratique, c’est vraiment de tenir des Ă©tats dĂ©taillĂ©s. Pour, match par match, pouvoir justifier de qui Ă©tait prĂ©sent par match.

Vincent Hagenbourger : Et donc, si c’est un salariĂ©, lĂ , parce que c’est un point intĂ©ressant. Si on offre des places Ă  un salariĂ©, est-ce que c’est considĂ©rĂ© comme un avantage particulier qui doit ĂŞtre assujetti Ă  charge ?

Antoine Devresse : Dès l’instant oĂą il y a un CSE, justement, si c’Ă©tait le CSE qui le faisait, peut-ĂŞtre que ça pourrait passer dans des catĂ©gories, spectacle, sport, etc. LĂ , c’est l’employeur, donc ce sera redressĂ© dès le premier euro. Ă€ moins d’expliquer que ce salariĂ©-lĂ , il accompagnait les clients, quelque chose comme ça. Mais si c’est vraiment un pur cadeau aux salariĂ©s en disant, il n’y a pas assez de clients qui vont au match, on les distribue au dernier moment. LĂ , ce serait redressable.

Vincent Hagenbourger : C’est un point important.

Antoine Devresse : C’est vrai que c’est un sujet qui est regardĂ© par les inspecteurs aussi dans les grandes entreprises.

Vincent Hagenbourger : Très intĂ©ressant, on n’en parle pas souvent. LĂ , on a beaucoup parlĂ© des dispositifs en tant que tels, j’allais dire, qui permettent d’avoir des rĂ©gimes de faveur et donc d’avoir un coĂ»t du travail rĂ©duit. Mais peut-ĂŞtre, redire deux mots d’un point important, sur la rĂ©duction gĂ©nĂ©rale de cotisation, parce que c’est un point central. Il y a quelque chose aussi sur lequel il faut ĂŞtre vigilant lĂ -dessus, parce que les bas salaires sont très concernĂ©s par ces rĂ©ductions gĂ©nĂ©rales. Mais attention, il ne faut pas faire n’importe quoi dans leurs calculs, parce que lĂ  aussi, il y a une petite complexitĂ© et je souhaitais qu’on puisse revenir dessus.

La réduction générale de cotisation

Antoine Devresse : On parlait tout Ă  l’heure de la PPV, qui sera intĂ©grĂ©e maintenant, donc il faut bien en tenir compte dans le paramĂ©trage. Mais il y a toujours des risques liĂ©s au paramĂ©trage dans les logiciels, qui sont normalement de mieux en mieux ficelĂ©s par rapport Ă  ça. Mais ça reste une source importante de redressement.

Environ 20% des régules des inspecteurs sont liées à cette fameuse réduction générale de cotisation.

Mais en plus ou en moins, parce que quand on se trompe, ça peut ĂŞtre parfois en sa dĂ©faveur. Mais ce que tu voulais peut-ĂŞtre aborder, c’est justement de se dire il y a cette problĂ©matique de paramĂ©trage, qu’il faut bien respecter, certes, mais il y a aussi la problĂ©matique de tout ce qu’on a vu avant.

Les redressements qu’on a Ă©voquĂ©s, l’inspecteur peut se dire, tel frais professionnel, je le redresse, mais du coup, je le rĂ©impacte dans le salaire brut de mon salariĂ©, et donc je recalcule la rĂ©duction gĂ©nĂ©rale des cotisations, la fameuse Loi Fillon, et donc j’impacte doublement le redressement.

Vincent Hagenbourger : C’est ça, c’est la double peine, puisque finalement, je rĂ©introduis, mais je perds en plus des exonĂ©rations, donc en fait, mon coĂ»t rĂ©el, ça ne va peut-ĂŞtre pas ĂŞtre juste 40 %.

Antoine Devresse : C’est ça. Ça peut arriver pour quelqu’un qui est vraiment au SMIC. Ça peut presque ĂŞtre 100 %. Si on prend le redressement, les 40 Ă  50 % de cotisations patronales et salariales et qu’on rĂ©injecte et qu’on diminue la rĂ©duction Fillon, ça peut vraiment faire des coĂ»ts importants.

Vincent Hagenbourger : Oui, ce n’est pas une pĂ©nalitĂ©. C’est juste que c’est par l’effet de la perte d’exonĂ©ration que le montant est consĂ©quent.

Antoine Devresse : Exactement. C’est vrai que c’est un peu cette double peine-lĂ . Quand l’inspecteur est en mesure de faire ce calcul individuel, est-ce que c’est quand mĂŞme un calcul individuel par salariĂ© ? S’il peut le faire, et gĂ©nĂ©ralement, il le fait. Et c’est un peu double peine.

Vincent Hagenbourger : Donc ça veut dire que lorsqu’on a des salariĂ©s, et il y en a Ă©normĂ©ment qui rentrent en ce cas, qui sont finalement dans des rĂ©munĂ©rations compris entre 1 et 1,6 fois le SMIC pour les exonĂ©rations gĂ©nĂ©rales mais on pourrait parler aussi du seuil du complĂ©ment maladie. C’est la mĂŞme chose. C’est-Ă -dire qu’il faut faire d’autant plus attention parce que le risque, en tout cas, il faut bien l’Ă©valuer en attention la perte de ces exonĂ©rations en cas de redressement.

Bon, cela Ă©tant, si on met en place ces sujets-lĂ , parce qu’en tant qu’RH, on a besoin aussi d’avoir une certaine sĂ©curitĂ© dans les pratiques qu’on met en place, et on peut se dire, on ne les a pas Ă©voquĂ©es, mais l’intĂ©ressement.

Quand on met en place l’intĂ©ressement, c’est aussi un dispositif qui a des exonĂ©rations intĂ©ressantes pour les entreprises et qui permet de distribuer des montants assez consĂ©quents, parfois aussi quand les rĂ©sultats de l’entreprise sont bons. On voit que l’URSSAF propose des rescrits proposent des solutions pour se dire, voilĂ , « Moi, entreprise, en toute bonne foi, voilĂ  ce que je mets en place. Est-ce que vous pouvez me dire si c’est bon ou pas pour ne pas que dans trois ans, justement, vous veniez me dire « Ah non, mais attendez, vous n’avez pas respectĂ© la rĂ©glementation, je rĂ©assujettis Ă  cotisation toutes les sommes que vous avez versĂ©es sous forme d’intĂ©ressement ou de dispositif » ».

Qu’est-ce qu’on doit penser de ces rescrits aujourd’hui, que ce soit pour l’intĂ©ressement ou pour d’autres pratiques ? Est-ce que c’est quelque chose de fiable ? Est-ce que c’est quelque chose oĂą « Oui, c’est bien, mais attention » ?

Antoine Devresse : C’est vrai que l’URSSAF essaie de mettre en place des services Mon-interessement.urssaf.fr pour faire un accord d’intĂ©ressement qui ne sera pas contestable par l’inspecteur, des choses comme ça. Maintenant, tu parles du rescrit, effectivement, c’est quand mĂŞme une solution qui obligera l’inspecteur Ă  respecter. C’est-Ă -dire que c’est une position de l’URSSAF Ă  un instant T et qui sera opposable le jour du prochain contrĂ´le.

Maintenant, l’inspecteur, parfois, je ne dis pas qu’il s’assoit sur le sur le rescrit, mais c’est vrai que s’il arrive Ă  dĂ©montrer que la question posĂ©e dans le cadre du rescrit n’est pas tout Ă  fait la rĂ©alitĂ© de la solution qui a Ă©tĂ© mise en place, il pourra quand mĂŞme chercher Ă  la remettre en cause. Maintenant, le rescrit, en fonction de la question, encore une fois, c’est vrai que parfois, l’URSSAF peut avoir tendance Ă  faire un peu un copier-coller des textes sans complètement rĂ©pondre Ă  la question, ce qui n’est pas tout Ă  fait satisfaisant, effectivement.

Vincent Hagenbourger : Donc, c’est quand mĂŞme une chose Ă  explorer, mĂŞme si ce n’est pas une assurance tous risques Ă  100%.

Antoine Devresse : VoilĂ , et puis c’est ce qu’on peut dire après, la procĂ©dure de rescrit social Ă  portĂ©e gĂ©nĂ©rale a Ă©tĂ© intĂ©grĂ©e au BOSS (Le Bulletin Officiel de SĂ©curitĂ© Sociale), la source opposable depuis 4 ans maintenant, depuis 2021. Et donc, depuis peu, les rescrits sociaux Ă  portĂ©e gĂ©nĂ©rale ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©s. Donc on peut se dire que, lĂ , c’est juste le dĂ©but, il y en a une dizaine qui ont Ă©tĂ© mis. Mais petit Ă  petit, ça va se renforcer. Et on peut espĂ©rer, en tout cas, pour ces rescrits-lĂ , quand vous ĂŞtes exactement dans la mĂŞme situation, vous n’aurez pas besoin de faire le rescrit de votre cĂ´tĂ©. Encore une fois, on ne l’a peut-ĂŞtre pas dit, mais quand vous faites un rescrit, c’est que pour le Siren qui a fait la demande. Donc, voilĂ , c’est sur le BOSS. C’est un nouveau service que propose l’URSSAF, qui n’est pas Ă  nĂ©gliger, mais ce n’est pas encore la panacĂ©e, tant qu’il n’y en a encore que quelques-uns.

Vincent Hagenbourger : Oui, et pour le reprĂ©ciser, le rescrit, c’est la pratique qui consiste Ă  expliquer auprès de l’URSSAF ce qu’on fait dans l’entreprise et Ă  valider que le rĂ©gime qu’on applique sur cette pratique est le bon.

Antoine Devresse : Et en fonction de la rĂ©ponse de l’URSSAF, l’inspecteur suivant ne pourra pas s’y opposer, thĂ©oriquement, ou s’il s’y opposait, ne faire qu’une observation pour l’avenir. Et ça ne vous impacterait que pour le redressement suivant.

Vincent Hagenbourger : Et finalement, c’est une manière de se prĂ©munir contre un risque de redressement.

Bon, on a fait un tour d’horizon assez large, si je puis dire. On pourrait encore en parler de longues heures, mais si on doit synthĂ©tiser finalement, ce qu’on s’est dit, c’est que :

OK, dans le contexte qui est celui qu’on connaĂ®t aujourd’hui, c’est-Ă -dire un renchĂ©rissement des coĂ»ts de masse salariale et probablement encore une hausse de certaines cotisations sociales, on regardera avec attention ce que prĂ©pare le gouvernement pour 2026.

Ça peut ĂŞtre quand mĂŞme très intĂ©ressant de regarder de près comment je pilote mes cotisations sociales, quels sont les dispositifs qui me coĂ»tent et quels sont les dispositifs qui me coĂ»tent moins ? Et de se tourner peut-ĂŞtre vers plus de dispositifs qui me coĂ»tent moins. En tout cas, c’est un attrait, il faut savoir l’explorer de manière Ă©quilibrĂ©e.

Antoine Devresse : VoilĂ  en tout cas, bien prĂ©parer les donnĂ©es, les justificatifs de vos Ă©lĂ©ments. Parce qu’encore une fois, quand il y a un contrĂ´le en 2025, ça concerne les annĂ©es 22, 23, 24. Donc, l’annĂ©e 2022, si vous n’avez pas bien prĂ©parĂ© les donnĂ©es, c’est vrai que c’est difficile de 3 ans plus tard, de ressortir les Ă©lĂ©ments. Donc bien, prĂ©parer son contrĂ´le, c’est ça.

Vincent Hagenbourger : Anticiper, conserver et attention aux outils. C’est-Ă -dire qu’il n’y a pas d’outils magiques. Il n’y a que de bons outils s’ils sont bien utilisĂ©s. C’est-Ă -dire, par exemple, moi, je prends toujours ce point, ce n’est pas parce qu’on a un super logiciel paie, bien paramĂ©trĂ©, qu’on doit faire l’Ă©conomie de ne pas conserver les justificatifs transports, par exemple.

Antoine Devresse : Exactement. VoilĂ , c’est ça. L’inspecteur, lui, voudra des justifications pour les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments que vous aurez mis en place. Et encore une fois, en paye, mais aussi en comptabilitĂ©, encore une fois, oĂą lĂ , les inspecteurs, ils trouvent des choses de plus en plus Ă  redire.

Vincent Hagenbourger : Écoute. Merci, Antoine pour l’ensemble de ces Ă©lĂ©ments, c’Ă©tait très intĂ©ressant. J’espère que toutes les personnes qui auront Ă©coutĂ© cet Ă©pisode du podcast La Voix des RH auront appris des choses. Et seront plus sensibles pour prĂ©parer de futurs contrĂ´les URSSAF. Donc, lĂ , voilĂ , de bons conseils. Je te souhaite une bonne journĂ©e et je vous dis Ă  bientĂ´t sur la voix des RH.

Antoine Devresse : Merci, Vincent, Ă  bientĂ´t.

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