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Podcast

Absentéisme : combien cela coûte vraiment aux entreprises ? (avec Vincent Hagenbourger)

Dans ce nouvel épisode de La Voix des RH, Vincent Hagenbourger – DAF/DRH à temps partagé et créateur de contenus liant chiffres et RH, Charlotte Devin – experte en performance RH chez Ayming et Ketsia Tetegan – consultante en gestion de l’absentéisme, plongent au cœur d’un sujet aussi stratégique que coûteux pour les entreprises : l’absentéisme et son véritable impact financier.

Au programme de cet épisode

Dans ce nouvel épisode du podcast La Voix des RH, animé par Vincent Hagenbourger, DAF et DRH à temps partagé, un sujet aussi central que sous-estimé est analysé : combien l’absentéisme coûte réellement aux entreprises. Pour en parler, Vincent reçoit deux expertes d’Ayming : Ketsia Tetegan, consultante en gestion de l’absence, et Charlotte Devin, spécialiste des taux de cotisation AT/MP.

Le constat est clair : l’absentéisme progresse fortement et ses conséquences financières dépassent souvent ce que les employeurs imaginent.

Pourquoi l’absentéisme pèse-t-il autant sur l’employeur ?

Dès le début, Ketsia Tetegan rappelle : « Sur les cinq dernières années, l’absentéisme a progressé de 41 %. En 2024, un salarié sur trois a été en arrêt au moins une fois. »
Le 17ᵉ baromètre Ayming indique un taux national de 4,5 %, équivalent à 6 ETP absents pour une entreprise de 100 salariés.

Vincent précise : « Le coût de l’absentéisme, c’est en moyenne 4 000 € par salarié. »

Dès l’arrêt maladie : un mécanisme d’indemnisation qui alourdit la charge

Beaucoup pensent que la Sécurité sociale couvre 50 % du coût d’un arrêt. C’est inexact.

Ketsia explique : « Les trois premiers jours ne sont pas indemnisés. À partir du 4 jour, l’assurance maladie verse 50 % du salaire, désormais plafonné à 1,4 SMIC. »

L’abaissement du plafond génère un surcoût direct : « Ce qui n’est plus indemnisé par la Sécurité sociale est pris en charge par l’employeur. » souligne Vincent.

À partir du 8ᵉ jour, le complément employeur s’applique : 90 % du salaire pendant 30 jours, puis 66 % les 30 jours suivants. Certaines conventions prévoient même 100 % dès le premier jour.
Un arrêt d’un mois pour un cadre à 3 000 € brut peut coûter 2 600 €.

Quand la subrogation devient un risque financier majeur

La subrogation, souvent perçue comme neutre, ne l’est pas.

Ketsia insiste : « La subrogation implique une avance de trésorerie et parfois une perte définitive si les IJSS ne sont pas récupérées dans les délais. »

Retards CPAM, erreurs DSN ou absence de suivi peuvent entraîner des pertes importantes.
« Pour une entreprise de 40 000 salariés, les IJSS subrogées peuvent atteindre 8 à 9 millions d’euros par an. Avec 90 % de recouvrement, c’est près d’un million d’euros perdu. »

AT/MP : un coût moins visible, mais beaucoup plus lourd à moyen et long terme

Les arrêts liés aux accidents du travail ou maladies professionnelles génèrent des coûts différés via la cotisation AT/MP.

Charlotte Devin explique : « Plus l’arrêt est long, plus la dépense imputée au taux de cotisation sera importante. »

Exemples de forfaits “coût moyen” :
• 280 € pour 0–4 jours
• 6 000 € pour 46–90 jours
• 12 600 € pour 91–150 jours
38 000 € (voire plus) pour les arrêts >150 jours

Et s’y ajoutent parfois les taux d’incapacité permanente :
« Au-delà de 40 %, certaines entreprises peuvent avoir un surcoût de plus d’un million d’euros. »

Ces impacts apparaissent avec retard : un accident de 2025 influence les taux 2027, 2028 et 2029.

Une tarification variable selon la taille de l’entreprise

Charlotte rappelle :
Moins de 20 salariés : taux collectif
20 à 149 salariés : tarification mixte
150 salariés et plus : taux réel basé sur la sinistralité

Les grands effectifs supportent donc directement leurs propres accidents.

Autres conséquences à long terme : prévoyance et inaptitude

Au-delà de 90 jours d’arrêt, la prévoyance prend le relais.
Selon Ketsia : « On peut s’attendre à une hausse des cotisations de prévoyance. »

Les arrêts longs augmentent aussi les risques de désinsertion professionnelle, d’inaptitude et de reclassements complexes.

Ce qu’il faut retenir pour réduire le coût de l’absentéisme

1. Former les gestionnaires de paie.
2. Sécuriser les paramétrages DSN.
3. Suivre les paiements CPAM pour éviter les prescriptions.
4. Mesurer les coûts réels.
5. Surveiller les arrêts longs AT/MP.
6. Évaluer la cohérence des durées d’arrêt.
7. Renforcer la prévention.

Conclusion

« L’absentéisme coûte beaucoup plus que ce qu’on imagine, et il existe des leviers très forts pour agir. » rappelle Vincent Hagenbourger.

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