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L’agroalimentaire et les plans de relance européens

Des enjeux transversaux

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Le secteur agroalimentaire est le deuxième secteur d’activité le plus important d’Europe en termes de chiffre d’affaires et représente près de 1000 milliards d’euros. L’agroalimentaire est aujourd’hui au carrefour de nombreux défis pour l’Union européenne et les pays membres. D’une part, faire face à la pandémie du covid-19, et ainsi soutenir les pays membres, régions et entreprises à se remettre de la crise pour devenir plus résilients au niveau économique et social, et d’autre part, transformer le secteur et créer de nouveaux projets, encourager de nouvelles mesures. Ayming vous présente les acteurs et actions clés du secteur agroalimentaire en Europe et comment celles-ci se traduisent dans les plans de relance des pays membres.

Il s’agit de s’engager à répondre aux enjeux environnementaux et énergétiques, tout en incluant progressivement un aspect digital et innovant aux processus et nouveaux projets. La transition écologique est effectivement intrinsèquement liée au secteur de l’agroalimentaire. En effet, le secteur doit se réinventer et repenser sa chaine de valeur pour pouvoir appréhender cette transition verte.

L’ambition est de rendre le secteur le plus durable et résilient possible, en développant l’économie circulaire et ainsi la réduction des déchets, en soutenant une consommation plus saine et durable et en accroissant l’utilisation d’énergies renouvelables.

L’agroalimentaire en Europe : aides et subventions pour l’agriculture

L’agriculture en Europe polarise de nombreuses activités, de processus et d’hommes. En effet, la production représente une valeur de près de 418 milliards d’euros et le continent est en première place mondiale en termes d’exportations. Dix millions d’agriculteurs répondent au besoin des consommateurs européens, on compte alors dix millions d’exploitations (données 2016) et une surface agricole couvrant 38% du territoire européen. L’industrie agroalimentaire se présente comme le second secteur d’activité européen en termes de chiffre d’affaires, et la chaine concentre près de quarante millions d’emplois. Néanmoins, l’agroalimentaire et le secteur agricole en général font face à des problématiques énergétiques de plus en plus importantes.

Un secteur agroalimentaire qui se doit de changer de paradigme

Le contexte actuel amène le secteur agricole et l’industrie agroalimentaire à une réflexion systémique, à savoir comment, dans un contexte où une transition écologique demeure nécessaire pour appréhender le futur, penser une agriculture et une industrie agroalimentaire respectueuses de l’environnement et qui minimiserait les externalités négatives.

Toute la chaine de l’alimentation à savoir la production, la distribution et la consommation est directement liée aux défis de :

  1. La dégradation des sols : on s’attend à ce que les rendements des grandes cultures chutent à partir de 2030²
  2. La pollution de l’air et d’eau : l’emploi d’engrais chimique dans une stratégie axée sur la monoculture a un impact majeur sur la biodiversité et les écosystèmes
  3. La gestion des déchets : la gestion des déchets est un défi de plus en plus important aujourd’hui. Le gaspillage alimentaire représente 1,3 milliard de tonnes d’aliments par an, soit un tiers de la production globale de denrées alimentaires dédiée à la consommation³. Ainsi, le problème de la surproduction alimentaire et la manière de produire efficacement et de consommer responsablement est un réel enjeu pour la transition écologique.
  4. L’érosion de la biodiversité et d’émission de gaz à effet de serre : près d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre proviennent des activités allant de la production agricole jusqu’à la gestion des déchets.

Une relocalisation de la production nécessaire à la transition écologique

Depuis plusieurs années, une prise de conscience écologique émerge de la part de la société civile et des gouvernements. Avec celle-ci, la volonté de recréer le lien entre la production et la consommation et dans un sens plus large entre l’agriculture et l’alimentation.

Les évènements récents nous ont obligé à mener une réflexion sur notre façon de consommer. La guerre en Ukraine a engendré une augmentation exponentielle des prix de produits comme le blé ou l’huile de tournesol et a démontré une vulnérabilité importante de l’Union européenne par rapport à ces produits. La crise du covid-19 a également agi comme révélateur de la fragilité des chaines de valeurs mondialisées préexistantes. Les difficultés affrontées par les Etats pour s’approvisionner et transporter les biens ont poussé les gouvernements à tendre maintenant vers une souveraineté et une sécurité alimentaire.

Cela passe par une relocalisation des productions dans les territoires nationaux, qui pourra redynamiser certains espaces et développer l’économie locale.

La relocalisation de secteurs stratégiques et essentiels est une réponse également à un taux d’importation croissant depuis plusieurs années

Au sein de l’Union européenne, on constate une augmentation des importations, tendance constatée ces vingt dernières années. Elle est certes variable selon les produits mais la balance commerciale a pâti d’une forte dépendance extérieure sur des denrées telles la viande, les produits de la pêche, ou le soja, ou les légumes frais.plan de relance agricole

En France par exemple, il y a une importante dépendance extérieure concernant les protéines puisque le pays produit uniquement 53% de sa consommation en la matière.
L’enjeu subsiste dans la recherche de moyens pour relocaliser une grande partie de l’industrie agroalimentaire. L’Union européenne est soumise à une pression importante pour répondre aux problématiques liées au secteur. Elle a ainsi établi comme un des trois piliers de la relance la transition écologique, et la grande majorité des plans de relance des pays membres, présente un plan de développement et parfois de remaniement.

green deal

France : mesures phares

Comme pour d’autres pays européens, l’agroalimentaire est également la première industrie de l’hexagone. L’industrie représente un chiffre d’affaires de 198 milliards d’euros et près de 430 000 emplois (données ANIA, 2020). Dans le cadre de la relance, plusieurs instruments et programmes ont été lancés par le gouvernement français. Le plan France Relance, présenté en septembre 2020, détaille dans le volet écologie un composant intitulé Ecologie et biodiversité, d’un budget de 2,1 milliards d’euros. Ce composant vise à réduire l’impact écologique des modes de production et consommation en intervenant sur l’économie circulaire, en préservant la biodiversité et en accélérant la transition agricole.

Dans le cadre du pilier « Ecologie », s’inscrit le volet « Transition agricole, alimentation et foret » doté de 1,2 Milliards d’euros11et qui suit trois objectifs majeurs :

  1. Renforcer la souveraineté alimentaire du territoire
  2. Accélérer la transition agroécologique
  3. Adapter l’agriculture (et la forêt) au changement climatique

Aujourd’hui, le plan de relance s’inscrit dans le plan France 2030 qui, doté de 30 milliards d’euros déployés sur 5 ans, vise à développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir.

Dans ce cadre, 2 milliards d’euros sont ainsi prévus pour assurer une « révolution de l’alimentation saine, durable et traçable ».

Des guichets s’ouvrent :

  1. «Résilience et capacités agroalimentaires 2030» dont l’objectif est de relocaliser les produits agroalimentaires jugés stratégiques et industrialiser les projets innovants soutenus par les stratégies d’accélération sur les agroéquipements et l’alimentation durable. Les projets attendus doivent exposer des assiettes de dépenses minimales comprises entre 500 000€ (200 000€ pour l’Outre-mer) et 3 millions d’euros.
  2. «Acquisition d’équipements innovants et engagés dans la 3ème révolution agricole» dont l’objectif est de soutenir les exploitations dans l’acquisition d’équipements pour favoriser notamment l’agriculture de précision, la réduction de l’usage des intrants et le déploiement d’alternatives aux produits phytosanitaires traditionnels.

En parallèle, le plan PIA4, 4ème programme d’investissement d’avenir et qui se veut un accélérateur d’innovation pour le plan de relance, représente trois appels à projets pour un budget de 207 millions d’euros, qui ont pour but de faire émerger des projets collectifs de recherche concernant les secteurs agricoles et agroalimentaires et les accompagner de leur réalisation jusqu’à leur déploiement.

  • Appel à projets «légumineuses» pour développer des surfaces agricoles dédiées : doté de 30 millions d’euros, cet appel à projet se positionne dans la continuité de la stratégie nationale pour les protéines végétales déployée par le plan France Relance. Cet appel à projets a pour objectif de lever plusieurs verrous scientifiques et techniques dans les domaines de la production agricole, de la transformation alimentaire et de l’adoption des légumineuses par les consommateurs.
  • Appel à manifestation d’intérêt – Démonstrateurs territoriaux des transitions agricoles et alimentaires : doté de 152 millions d’euros sur 5 ans, cet appel à manifestation d’intérêt doit permettre de faire émerger des projets territoriaux agissant pour une alimentation durable, performante et structurée entre les acteurs locaux. L’objectif est de déployer des projets d’innovations, tant technologiques qu’organisationnelles, en s’appuyant sur le numérique, la robotique, la génétique, le biocontrôle, les nouvelles sources de protéines végétales, la fermentation ou encore l’économie circulaire.
  • Appel à projets – Financement des préséries d’agroéquipements automatisés ou intelligents : doté de 25 millions d’euros sur 2 ans, ce projet s’inscrit dans le cadre du plan de relance et de résilience et au niveau européen dans le plan de relance NextGenerationEU. Cet appel à projets vise à soutenir financièrement les acteurs de la robotique agricole mobile, des agroéquipements et des innovations technologiques liées aux équipements agricoles, dans la fabrication et les essais de leurs préséries sur des sites agricoles en conditions réelles.
  • Plan protéines végétales – Investissement pour la structuration de la filière : ce plan vise à engager une transition vers des systèmes agricoles diversifiés en cultures riches en protéines et autonomes en protéines fourragères. Il porte également l’ambition de faire de la France un leader de la protéine végétale pour l’alimentation humaine. Il repose sur un renforcement de l’investissement afin d’accompagner la structuration des filières pour développer et intégrer ces nouvelles productions ainsi que d’un soutien à la recherche et développement. Sur les années 2021- 2022, la stratégie nationale sur les protéines végétales a mobilisé 100M€ et est complétée par des crédits du PIA dans le cadre de la stratégie d’accélération sur le marché clé intitulé « Alimentation durable pour la santé » sur l’action de recherche et d’innovation.
  • L’appel à projets «Structuration des filières agricoles et agroalimentaires» : vise à accompagner les acteurs des filières agricoles et agroalimentaires dans le financement de projets collectifs ayant un réel impact en termes de réponses aux nouvelles tendances de marchés. Ces projets doivent être générateurs de valeur le long des chaînes de production mais aussi apporter des réponses concrètes aux attentes sociétales ou d’évolution des modes de production.
  • Le Fonds «Avenir Bio» : doté de 13M€ sur 2022, a permis de financer des investissements immatériels et matériels des différents acteurs de la filière s’inscrivant dans une volonté de développement de l’offre de produits biologiques.

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